Colibris Retour à l'accueilMusée de la nature et des sciences Musée virtuel du Canada
 

La punition

D'après une légende inspirés des Navaho

Il y a bien longtemps, alors que le monde était nouveau, les oiseaux des champs étaient semblables aux oiseaux des bois. Ils chantaient tous le même chant : tweet tweet tweet. Ils avaient convenu ensemble que la moitié d'entre eux mangerait des insectes, alors que l'autre moitié se nourrirait de graines et de baies. De cette façon, il y aurait de la nourriture pour tous. Pour leprincipe, ils s'étaient entendu pour qu'aucun d'eux ne mangent de fleurs.

En ces temps anciens, le Colibri était de la même taille que la Corneille. Tout comme elle, il consommait des graines et des baies. Le Colibri était le premier oiseau à se lever le matin et à partir de ce moment, il grignotait/cassait la croûte toute la journée, et même jusqu'au crépuscule. Il avait toujours faim. Un jour, quelques oiseaux l'ont grondé parce qu'il prenait plus que sa part. Au lieu de se corriger, il se mit à se lever encore plus tôt pour que personne ne le voit bouffer en secret. Pour déjeuner, il se délectait de fleurs !

Après cette expérience gastronomique, le Colibri fît d'autres découvertes étonnantes : le pollen à l'intérieur des corolles de fleurs, savoureux et nourrissant, et le nectar, doux et délicieux, particulièrement celui des fleurs rouges, roses et oranges, pourvues de corolles profondes. Affamé, il déchirait les pétales, les laissant en lambeaux derrière lui. Vous comprenez, il était trop gros pour la petite taille des fleurs. Dans la frénésie, il s'empiffrait de nectar et plongeait dans le pollen jusqu'à la dernière fleur. Comme il ne restait plus de fleurs intactes, il était temps pour lui, repu, de se retirer pour une sieste.

Pendant le repos du Colibri, une envolée d'oiseaux se déposa au sol. Indignés devant le spectacle désolant de fleurs déchiquetées, ils ont pleuré de consternation. « Qui a fait cela ? Qui pourrait être si méchant pour détruire les fleurs ? » Butinant d'une fleur écorchée à une autre, un papillon noir et jaune essayait désespérément de trouver une goutte de nectar, le nectar étant sa seule nourriture. « Ne me blâmez pas ! », protesta-t-il. « Je vous jure que je n'ai jamais brisé un seul petit pétale. » « Alors, qui a fait ceci ? », exigèrent les oiseaux. Comme seule réponse, d'un mouvement d'ailes, le papillon déplaça une feuille sous laquelle dormait le Colibri. Surpris de l'animation autour de lui, il se réveilla avec un air coupable. Les oiseaux ont immédiatement compris qu'il était le responsable de ce champ de fleurs en chamaille.

« C'est pas ma faute, j'avais faim. J'ai toujours faim, moi. Je suis ainsi fait. Et je n'y peux rien si mon grand bec accroche les pétales. » Soucieux de la situation, les oiseaux ont décidé de faire quelque chose pour lui. Si le Colibri avait un problème d'adaptation, ils devraient l'aider à trouver une solution. « S'il n'était pas aussi grand », pensa un oiseau, « il ne serait pas si gourmand. Dorénavant, il sera le plus petit oiseau de tous. » « Oui, c'est une bonne idée », convinrent les autres. « Et laissons-lui un petit bec, aussi petit que la langue d'un papillon. » « Oui ! Oui ! Bien sûr ! », acclamèrent en choeur tous les oiseaux.

Dans un scintillement, le Colibri commença à rétrécir. Son bec demeura de la même longueur, mais il s'est aminci jusqu'à ce qu'il ressemble à la langue d'un papillon. Après sa transformation, le Colibri plongea sa nouvelle langue dans une corolle cassée de fleur, souhaitant atteindre le nectar qu'il n'avait pas obtenu plus tôt. Heureux de réussir si facilement, il ouvrit son bec pour lancer une cri de triomphe. Oups ! Aucune note de bonheur n'est sortie, seulement un gazouillement grinçant. Dans sa métamorphose, hélas imparfaite, les muscles de son appareil vocal sont devenus si petits qu'il ne pouvait malheureusement plus chanter.

Le Colibri était évidemment chagriné d'avoir perdu la voix. Une geai bleue, qui était toujours très gentille, s'approcha et manifesta de la sympathie pour lui. « Sa punition est suffisante », dit-elle aux autres amis. « Nous n'avions pas prévu qu'il perdrait la voix ». Comme les dommages ne pouvaient pas être réparés, peut-être y avait-il quand même une façon d'améliorer la situation. « Il faut lui procurer de belles plumes », reprit-elle en sa faveur. « Chacun a besoin d'un symbole de fierté dans ce monde. » L'idée plut aux oiseaux et c'est depuis ce jour que les colibris sont ornés de plumes chatoyantes, même si le colibri a trainé dans le temps sa petite voix de sonnerie.